Le plus grand footballeur français après Michel Platini, et le Français le plus aimé de ses compatriotes depuis un soir d’apothéose en 1998, a raté sa sortie, tout du moins la sortie qu’on attendait de lui, c’est-à-dire d’un footballeur au talent incontesté, capable des plus belles arabesques avec le ballon et surtout, suprême don — bien supérieur aux milliers de jongleurs impressionnants — de nourrir le jeu, d’alimenter en passes subtiles et dans le bon tempo la course de ses partenaires.
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Zinedine Zidane biographie
Un dernier rendez-vous raté. Pourtant, pour le dernier match de sa carrière, il avait donné rendez-vous à la planète football et au-delà lors d’une finale de la Coupe du monde. Même s’il fut moins brillant en ce soir du 9 juillet 2006 que quelques jours auparavant face à l’Espagne ou au Brésil, il marque un penalty en décidant de battre le meilleur gardien de but de la compétition d’une « frappe en rupture », d’une « Panenka », ce grand joueur tchèque qui, pour la première fois aurait tenté ce type de frappe pour transformer un penalty. Il montra ainsi à tous qui était le maître. Durant tout le match et pendant la prolongation, Zidane se battit, prit des coups, distilla quelques bons ballons, remonta le terrain pour tenter de forcer le destin. Rien n’y fit, les Italiens, dominés, ne pliaient pas. Et puis advint le coup de tonnerre de la 110′ minute. Alors que le ballon repartait en direction du but français et que Makelele et Diarra arrêtaient irrégulièrement la progression italienne, un Italien était allongé sur la pelouse. Et les caméras retransmirent les images qui marqueront à jamais cette Coupe du monde 2006 et le destin de Zinédine Zidane. L’offense faite au sport par ce coup de tête porté contre le sternum du défenseur italien Materazzi a laissé dans l’ombre, tout du moins hors d’Italie et des Petites Italies qui parsèment la planète, le résultat de la Coupe du monde 2006 en Allemagne.
Zidane l’imprevisible
Quatorze fois exclu durant sa carrière professionnelle — un total qui dénote une impulsivité mal maîtrisée —, Zidane sort du football par les portes de l’enfer. Cette fois, alors qu’il voulait élever son action à la perfection, il est tombé dans le piège d’une provocation grossière engendrant par là même un séisme médiatique qui a occulté le final de l’épreuve. Sacré meilleur joueur de la compétition — les votes ont été recueillis avant la finale —Zinédine Zidane finit sa carrière sur la 2′ marche du podium. Un destin exceptionnel. Depuis la retraite de Michel Platini, la France recherche un grand meneur de jeu. Elle l’a trouvé en Zinédine Zidane. Ce fils de Kabyles, né le 23 juin 1972 à Marseille, capitale du football français, a disputé ses premières rencontres internationales avec l’équipe de France minimes, où il côtoya Pedros et Dugarry et fut repéré par des recruteurs de l’AS Cannes. Il rejoignit la Côte d’Azur à 13 ans et demi et partagea l’entraînement des professionnels dès l’année suivante, pour faire ses débuts en D1 au cours de la saison 1988-1989. Il devint régulièrement titulaire deux ans plus tard avec Jean Fernandez, qui avait su apprécier l’incroyable technique, l’excellente vision du jeu et la précision de la frappe de balle (dans le jeu comme sur les coups francs) du jeune milieu de terrain. Quand, en 1992, le club descend en D2, Zidane part pour Bordeaux, club en reconstruction après un an de D2. Il devient la pièce centrale du système de jeu des Girondins et attire enfin l’attention du sélectionneur national. Il fait donc ses débuts en équipe de France A le 17 août 1994 contre la République tchèque, à Bordeaux justement. Il ne joue que les 17 dernières minutes… mais marque deux buts ! « Zizou » (surnom donné par Dugarry qu’il a retrouvé à Bordeaux) devient la star de la France qui, en l’absence de Cantona, compte sur lui pour l’Euro 96 après le fantastique parcours de Bordeaux en Coupe de l’UEFA. Hélas, prisonnier du système de jeu frileux d’un Aimé Jacquet hostile aux exploits individuels, fatigué par une longue saison et affaibli par les conséquences d’un accident de la circulation, il passe un mois anglais très discret, peu encourageant pour la saison qu’il doit disputer à la Juventus de Turin. Après un début de saison difficile, il redevient tout à coup le grand meneur de jeu qu’il était à Bordeaux, humiliant au passage le PSG au Parc des Princes (6-1 pour la Juve) et échouant de peu en Coupe d’Europe. S’appuyant sur l’expérience de Didier Deschamps qui l’initie aux secrets de la tactique italienne, il forme avec Alessandro Del Piero et Pippo lnzaghi un trio d’attaque qui mène la Juventus deux ans de suite en finale des deux principales coupes européennes : Ligue des champions en 1997 et Coupe de l’UEFA en 1998. Pis en 2000, la Vieille Dame perd le Scudetto lors de la dernière journée au profit de la Lazio de Rome après avoir compté plusieurs points d’avance, malgré la présence dans ses rangs d’un des plus grands joueurs du monde.
Zidane ballon d’or
Un statut que Zidane a conquis sur les terrains de France en 1998 (il obtient à la fin de la saison la plus haute distinction : le Ballon d’or décerné par France Football). En effet depuis deux ans, lorsque Zidane n’est pas présent, l’équipe nationale tousse. Après avoir orienté le jeu durant la Coupe du monde et prouvé son réalisme en marquant deux des trois buts de la finale, «Zizou», devenu le sportif le plus populaire de France, a récidivé durant l’Euro 2000 en marquant deux buts décisifs (un coup franc contre l’Espagne en quart de finale et le penalty-but en or contre le Portugal en demi-finale). Durant la compétition, il s’est affirmé le meneur de jeu le plus brillant, dominant durant leur confrontation son rival, le Portugais de Barcelone Luis Figo. En finale, étroitement surveillé par plusieurs joueurs italiens dès qu’il était en possession de la balle, il réussit néanmoins à gratifier ses coéquipiers de passes au millimètre immédiatement exploitables par la jeune vague montante des attaquants français, Henry, Anelka et Wiltord. Par sa sérénité, son sens de la collectivité et son humilité, Zidane devient l’égal des plus grands. Le meneur de jeu de la Juventus, après trois années sans trophée (de 1999 à 2001) et des échecs répétés en Coupe d’Europe, sent qu’il est au bout d’un cycle.
Zidane au Real à Madrid
En juillet 2001, il accepte les propositions du président du Real Madrid (75 millions d’euros sera le montant du transfert que le Real versera à la Juve), Florentino Perez et rejoint l’« armée merengue », forte de Figo, Raill et Roberto Carlos et où il trouve pour l’accueillir Claude Makelele. L’Espagne est prise à son tour par la zizoumania. Quant au joueur, il débarque dans un univers qui le change de la quiétude turinoise. Après quelques semaines d’adaptation à l’arène espagnole et d’hésitations de la part de l’entraîneur Del Bosque dans la manière de l’utiliser, Zidane lève toutes les ambiguïtés en sauvant le Real en finale de la Ligue des champions contre les Allemands de Leverkusen. Un but de légende assomme la révélation de la saison. L’année du centenaire du club, Zizou I » offre son neuvième trophée en C1. Quelques jours après son exploit, il se blesse à la cuisse lors du match de préparation avec les Bleus contre la Corée du Sud et ne peut réintégrer sa place que lors du match contre le Danemark. En dépit de sa présence, il ne peut empêcher la défaite des Bleus et une élimination aussi cuisante qu’inattendue. Depuis 2002, au niveau du club du Real, les résultats ne suivent pas. L’année du Centenaire du club, en 2003, s’achève sans trophée. Lorsque Zidane retrouve les Bleus en 2004 en meilleure forme qu’en 2002, le capitaine est Marcel Desailly. Les relations avec Jacques Santini ne sont pas aussi faciles qu’avec Roger Lemerre. Le premier match oppose les Madrilènes Zinédine Zidane et David Beckham. L’équipe anglaise domine son sujet et en début de deuxième mi-temps Lampard ouvre le score. Le match arrive à sa fin, quand en deux minutes Zidane réalise un de ses plus grands travaux d’Hercule. Deux buts, un penalty et un coup franc magistral clouent successivement le pauvre gardien anglais David James. La France reprend la main et on s’endort avec le rêve d’un nouvel Euro 2000. Ce ne sera pas le cas, en quart de finale les Grecs boutent les Français hors de la compétition.
Départ et retour gagnant
Zidane —comme Lizarazu, Thuram, Makelele —décide le 13 août 2004 de faire ses adieux à la sélection. Les raisons sont différentes : la lassitude physique et morale pour les uns, ou l’incompréhension avec le nouveau sélectionneur national Raymond Domenech, pour les autres. Le meneur de jeu laisse également entendre au début de la saison 2004-2005 qu’il pourrait également faire sa dernière année au Real Madrid, où les choses ne s’arrangent pas, en Ligue des Champions, déjà éliminé l’année précédente par Monaco, les Madrilènes subissent la loi des Turinois de la Juventus. Une nouvelle année sans grand exploit se profile à l’horizon. Pendant ce temps, les Bleus peinent, une épidémie de matchs nuls touche le groupe de qualification pour la Coupe du monde 2006. Au fil des matchs, peu de progression dans le jeu, à domicile, on ne gagne pas, et seuls les plus faibles sont battus. Un match à quatre, puis à trois va décider de la participation à la 18′ Coupe du monde. C’est alors que l’envie de contribuer à sauver le soldat bleu s’empare de Zidane. Le 3 août solennellement — c’est-à-dire sur Canal Plus, le Madrilène annonce son retour, ainsi que celui de Makelele et de Thuram. Quinze jours plus tard, il marque un but lors de la réception de la Côte d’Ivoire. Mais si les Bleus gagnent en sérénité, leur jeu ne gagne pas en qualité. Ce sera le cas jusqu’au match contre le Togo. En guise de remerciement, il mène la révolte contre les Espagnols qui se voyaient le mettre déjà la retraite. Il est magistral face aux Brésiliens — les grands favoris de l’épreuve. Il porte l’estocade décisive au gardien de but portugais Ricardo lors de la première mi-temps de la demi-finale en marquant sur penalty. Tout était en place pour un saçre mondial… Mais le 9 juillet 2006 donna lieu à un scénario totalement imprévisible.